Cela fait un petit moment que j’avais promis à certaines personnes des petits tutos pour partager mes petites techniques de travail, notamment au sein de la famille Chacalprod. En faisant visiter récemment mon petit atelier, je me suis rendu compte que j’avais inventé des petits trucs, que ce soit en utilisant des logiciels ou en jouant avec de vrais pinceaux et de la vraie peinture, et que ça pouvait servir à d’autres. Partageons donc nos « astuces » et comparons les méthodes des uns et des autres !
Aujourd’hui : comment j’enlève le crayon bleu sur un dessin encré. Bien sûr, en utilisant un logiciel libre, cela va de soi …
J’aime bien crayonner au bleu. Pour des petits dessins, cela me permet de faire le rough et le crayonné plus poussé avec le même outil. De plus, quand on crayonne plusieurs heures avec du crayon bleu, on ne se salit pas les doigts, comme avec le graphite ! Pour l’exemple, voici le brouillon du Rob qui a servi pour la parodie de l’affiche de Caudebec-les-Elbeuf rapidement fait dans le carnet de croquis.
J’utilise des crayons Colerase n°20044.
Ensuite, l’encrage au feutre pinceau fin (Mangaka Kuretake) :
Le crayon bleu est gommable mais il est tout de même dur de l’enlever entièrement et , à trop frotter, on risque d’abîmer l’encrage. Donc pas de gomme : je scanne le dessin en mode couleurs, via Gimp.
Une fois l’image dans Gimp, choisir Couleurs -> Composants -> Décomposer…
Et valider avec les paramètres suivants :
Gimp va gentiment créer une nouvelle image, en niveau de gris, composée de trois calques :
Supprimez (ou masquez) les calques rouge et vert et c’est fini :
Remarque, si vous crayonnez au crayon rouge, ne garder que le calque « rouge ». Si vous dessiner au crayon vert …
Voilà, en 12 secondes, le dessin est nettoyé. Reste à appliquer un petit coup de niveau mais je garde ça pour une prochaine fois. Je montrerai comment je prépare un dessin pour une mise en couleurs et un filtre « magique » pour faire des aplats très vite.
Pour celui-là, j’ai tenté la méthode de Bill Presing. Je vous laisse fouiller dans son blog pour trouver les informations sur sa mise en couleurs ; n’en profitez pas pour découvrir ses pinups !
Première étape, la recherche du bestiau, au crayon bleu sur du A3 :
C’est mon premier jet, quasiment pas de gommage ; j’appuie juste plus fort sur les traits que je veux garder.
Ensuite, je reproduis le dessin via table lumineuse en utilisant un crayon de couleur jaune/orangée. Cette couleur sera « absorbée » par la suite. Je passe à l’encrage avec de l’acrylique, en utilisant une sorte de violet. Facile, une crotte de bleu, une crotte de rouge et je mélange avec beaucoup d’eau pour fabriquer une encre, déposée au pinceau. La feuille est du 200g et je ne la tends pas (car je sais que je ne vais pas « mouiller » de grandes surfaces …)
Ensuite, toujours en fabriquant à vue de nez du violet, avec un mélange de bleu et de rouge, je pose les valeurs.
Puis, le reste est fait à l’aquarelle. La transparence de cette dernière permet de garder les ombres tout en illuminant le dessin.
L’avantage de cette méthode est que la sous-couche à l’acrylique ne bouge plus. Ainsi, on peut passer et repasser avec l’aquarelle, humidifier autant qu’on veut, les ombres restent. Ce que je n’arrive pas à faire en n’utilisant que de l’aquarelle, pour ma part. Long est le chemin …..!
L’inconvénient est qu’il faut rester léger avec l’acrylique si on veut que le papier absorbe un peu l’aquarelle.
Je n’aborde pas la partie sous Inkscape ; depuis le temps que j’évoque ce (fabuleux!) logiciel (libre !) sur ce blog, vous devez sûrement l’utiliser parfaitement à présent ^^.
Merci de laisser vos commentaires et questions et, tous ensemble, remercions Bill Presing d’avoir partagé sa méthode de travail !
Voilà un peu plus de deux ans que je suis passé sous Linux, avec une distribution Ubuntu. Je compte faire quelques petits tutoriaux sur les logiciels utiles pour un dessinateur, fonctionnant sous cet environnement. Aujourd’hui, comment utiliser un logiciel de diaporama pour recomposer de grandes images : Hugin.
Ce logiciel se trouve dans les dépôts et s’installe par un clic via la logithèque.
Il arrive qu’emporté par son élan, on se retrouve à dessiner ou peindre sur une grande feuille. Les planches de BD par exemple, dépassent souvent la taille A4 des scanners les plus courants. Rappelons que découper l’original ou le plier ne sert à rien ! (je sais je l’ai essayé …)
Comme exemple, je prendrai le dragon publié dans l’article précédent. Le dessin fait 43cm par 37cm, ce qui dépasse de partout dans le scanner. Il faut donc le scanner en plusieurs fois :
Ne scannez pas trop juste ; il vaut mieux avoir deux ou trois images en plus, le logiciel s’y retrouvera mieux. À partir de là, on peut lancer Hugin. La première étape consiste à importer les images :
Notez qu’il faut mettre « 10 » dans le champ « HFOV ». Cette valeur est donnée dans la documentation et est constante pour les scans. Une fois toutes les images importées, dans l’ordre que vous voulez, la magie va opérer. En cliquant sur « aligner », Hugin va ouvrir une fenêtre dans laquelle il nous montre qu’il travaille :
Et hop, il a trouvé tout seul les points de concordance et recomposé votre image :
La fenêtre qui apparaît permet de jouer pour éventuellement affiner le travail, comme pour la distorsion éventuelle :
À vous de tester les différentes fonctions. Remarquez que le logiciel a adapté les couleurs de chaque partie et que les collages sont invisibles. Il suffit d’exporter l’image et c’est gagné. Hugin enregistre le projet et permet d’y revenir à tout moment : modifier l’assemblage, ajouter ou enlever des scans …
Vous pouvez donc continuer à faire de grands dessins !
Le nouveau fanzine de Chacalprod est sorti. Vous pouvez le commander en ligne dans la boutique et constater par vous-même que son prix modique prête déjà à sourire !
La couverture a été dessinée par le grand Tian et je me suis chargé (hips !) des couleurs …Tian fait ses encrages en numérique et j’ai souhaité faire les couleurs à la main pour « texturer » plus facilement ; je ne suis pas assez bon avec un ordinateur et peine encore à donner de la vie à mes couleurs. C’est intéressant : nous avons inversé la méthode habituelle : généralement, les encrages se font à la main et les couleurs à l’aide d’un logiciel ad hoc …
Les photos qui suivent ont été prise au téléphone portable et ne sont pas de super qualité, mais bon. Je n’ai pas mieux. Encore merci à Tian et aux chacaux de m’avoir fait confiance (moi-même, je ne me la serais pas accordée !!)
Voici donc le fichier que m’a remis le dessinateur :
C’est gentil tout plein, la transparence est déjà faite ! Dommage, je ne ferai pas les couleurs de façon digitale …! Pour une fois que quelqu’un me facilite le travail, je décide de ne pas m’en servir.
J’imprime donc le dessin sur une feuille 80g/m² sur une imprimante laser. Mais me direz-vous avec toute la malice qui vous caractérise, n’est-ce pas un peu léger comme grammage pour de la peinture ? Certes, certes, d’où l’étape suivante :
Je colle ma copie sur un carton épais (2mm d’épaisseur) à l’aide de Powertex. Ce produit, à priori non nocif, est un durcisseur assez étonnant. Si vous en imbibez un morceau de tissu, il va devenir dur comme de la pierre. Utile pour faire des modelages à bas coût ! (et sans voyager en Azerbaïdjan …). Une fois collée uniformément, le papier ne bouge plus même fortement humidifié. Autre avantage du Powertex, il sert de fixatif dans le même temps et empêche l’encre laser de partir ou de baver.
Voilà, y’a plus qu’à … La peinture utilisée est de l’acrylique. La difficulté sera de respecter l’encrage de Tian. Je dois donc peindre avec précision pour ne pas trahir ses traits. Si j’avais été l’auteur du dessin, j’aurais été plus vite et aurais adapté l’encrage à certains endroits. Mais Tian est beaucoup plus fort que moi et il est maître de créatures beaucoup plus dangereuses que les miennes, j’agis donc avec prudence et patience …
Remarquez l’astuce de la rustine pour garder en réserve de la lune. Le cache est découpé dans un film plastique repositionnable à l’aide d’un cutter circulaire. À ce stade, je contacte Tian pour lui proposer une trame pour le décor de fond avec des tombes. Gentil comme il est, il accepte.
Je les esquisse au crayon de couleur blanc. Les crayons de couleurs prennent très bien sur de l’acrylique et s’efface aisément avec un peu d’eau.
Une bonne idée : j’ai conservé le tour de la découpe du rond pour protéger le ciel le temps de peindre la lune. Pour cette dernière, je multiplie les couches très légères, travaillant l’acrylique comme de l’aquarelle.
La dernière étape montre le travail de lumière ; j’essaye de rendre lisible les différents éléments. C’est difficile ! Je dois imaginer ce que donneront les traits noirs par dessus, sans pouvoir les faire … Toujours pour conserver l’encrage original du dessinateur. La partie couleur est finie, assemblons tout ceci dans Gimp.
Pour scanner à l’aise, je découpe en me servant des repères que les fins observateurs ont plusieurs fois remarqué sur les photos précédentes.
Une fois scannée, l’image est placée sur un calque en-dessous du dessin au trait.
Quelques opérations de transformations sont nécessaires pour réduire, déformer, tourner l’image et l’adapter parfaitement à l’encrage. Il faut récupérer la (légère) déformation du papier lors de la phase de collage.
Le dessin est ensuite envoyé à Tipim qui va maquetter la couverture que vous découvrez sous vos yeux ébahis :
Je vous ai dit que vous pouviez l’acquérir en ligne ? Ou sur les salons en venant nous voir ? Oui? Bon. La leçon est donc finie ; vous pouvez sortir en rang deux par deux. Merci.
Voici le pas à pas (ou WIP pour les non-anglophobes !) d’une illustration faite pour Gadget-Fun, il y a peu.
Tout d’abord le crayonné ou « rough » qui pose l’idée sur le papier :
Je crayonne avec un Col-erase bleu : les mines sont assez dures et le bleu évite de gommer par la suite.
Vient l’encrage avec des petites modifications :
Le nettoyage se fait comme par magie sous Gimp (je ferai un tutoriel pour expliquer la méthode un jour prochain !)
Je passe ensuite à une méthode manuelle pour les ombres. En utilisant la table lumineuse, je pose de l’aquarelle pour les ombres du dessin. C’est la partie que j’aime le moins faire en numérique ! Merci à Mara pour avoir inspiré cette méthode !
Soit, ça ne ressemble à rien ! Passons le scan en niveau de gris et en mode « multiplier » :
Remarquez les 3 petits repères dans les coins qui permettent de bien caler les images sous Gimp.
La pose des couleurs peut commencer, quasiment tout en aplat :
Il ne reste plus qu’à maquetter l’illustration pour la finaliser :